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Ces commentaires sont issus du site SAPIENS 
et ont été rédigés par André Jacques Holbecq.
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TITRE: La "comète" Shoemaker-Levy 9 à travers la loupe.

CLASSEMENT: Hautement spéculatif

NOTE DU WEBMASTER: A. J. Holbecq (2ème semestre 1998)

Par principe je n'édite pas d'articles dont l'auteur n'est pas identifié (même s'il désire être édité sous un nom d'emprunt). Le texte qui suit fait exception à la règle. J'ai longtemps hésité mais une information complémentaire m'a décidé.

Ce texte est parvenu anonymement à l'un de mes correspondants, en français et en anglais (cette version anglaise sur demande).

Un astrophysicien et un astronome interrogés n'ont pu infirmer les hypothèses et les arguments développés.

Le seul point qui semble pouvoir prouver l'aspect fiction ou non de ce texte serait d'obtenir les analyses spectrographiques des halos de gaz qui entouraient la comète Shoemaker-Levy. Je n'ai pu obtenir ces analyses et j'espère qu'un spécialiste, lisant cet article, pourra m'éclairer.

L'information complémentaire m'ayant décidé à diffuser ce texte est celle ci:

" Galileo a connu une défaillance lors du survol d'Europa, satellite naturel de Jupiter, mardi 21 juillet 1998, annoncent la Nasa et le JPL.
A 17:14 GMT, un ordinateur de bord a détecté une anomalie au niveau de la gestion de la télémétrie et de la transmission des données de la sonde.
Galileo s'est mise en mode de sécurité, stoppant ses sous-systèmes ainsi que les transmissions, et le contrôle a été repris par un système de redondance identique. Celui-ci a aussitôt décelé le même problème, mais contrairement au premier ordinateur, il est programmé pour maintenir les systèmes actifs en attendant l'auto-diagnostic de la sonde et la résolution du problème, ce qui s'est effectivement produit. A 17:35, Galileo rétablissait le contact avec la Terre.
Actuellement la sonde fonctionne à nouveau de façon optimale et sans séquelles, si ce n'est que toutes les données enregistrées lors du survol d'Europa ont été irrémédiablement perdues. L'origine de la défaillance n'est pas connue."

Vous comprendrez à la lecture de cet article, combien cette information est étrange.

CONCLUSION :  Vrai, pas vrai? Si ce n'est pas vrai, c'est une bonne fiction. Mais si c'est vrai, comment l'armée américaine détient elle une telle science fondamentale et une telle technologie très en avance sur celle des laboratoires civils (Le CERN , dans le plus grand accélérateur du monde, n'a réussi à synthétiser que quelques noyaux d'antimatière...)?.. Qui lui aurait founi ? En échange de quoi?

Lire le texte sur SL9

COMMENTAIRES, le 30 Août 1999.

Plus de 18 mois après la réception de ce texte, il est temps de faire quelques commentaires.

Ce texte de commentaires a été écrit parallèlement avec celui concernant le  rapport COMETA.  Vous y retrouverez donc certaines analyses identiques.

Depuis l'arrivée de ce document, il y a plus d'un an, je me suis mis en contact avec un certain nombre d'astronomes et de physiciens et j'ai vérifié nombre de données, par exemple celles ayant traits aux lancements dont il est question dans ce texte anonyme.Tous les vols cités sont bien déclarés "Deployed as classified payload" ou "DoD Mission" etc.. sans plus de détail. Vous pouvez le vérifier vous-même sur ces adresses concernant ces vols:
http://solar.rtd.utk.edu/~mwade/flights/sts2.htm
http://solar.rtd.utk.edu/~mwade/flights/sts27.htm
http://solar.rtd.utk.edu/~mwade/flights/sts28.htm
http://solar.rtd.utk.edu/~mwade/flights/sts33.htm
http://solar.rtd.utk.edu/~mwade/flights/sts36.htm
http://solar.rtd.utk.edu/~mwade/flights/sts38.htm
http://solar.rtd.utk.edu/~mwade/flights/sts39.htm
http://solar.rtd.utk.edu/~mwade/flights/sts41g.htm
http://solar.rtd.utk.edu/~mwade/flights/sts44.htm
http://solar.rtd.utk.edu/~mwade/flights/sts51c.htm

Une première remarque: quand on connaît les ouvrages de J.P.Petit, dont en particulier "Les Enfants du Diable" (Albin Michel 1995), ce texte semble avoir été conçu dans le but de faire croire qu'il en était l'auteur. On ne trouve par exemple aucune référence à ce projet top-secret DSP 32 que dans ses livres et lui-même dit avoir trouvé cette info dans des textes Ummites. Or le texte sur SL9 mentionne ce projet. J'ai interrogé J.P.Petit sur ce point et il m'a déclaré qu'il n'avait rien à voir avec texte, émis à partir d'un cybercafé, et qu'il n'en était pas l'auteur.

Le schéma du compresseur MHD évoqué dans le texte SL9 se trouve également dans les Enfants du Diable, page 303. Mais celui-ci n'est que la reproduction du schéma qui était donné, page 44, figure 11, de l'opuscule consacré aux "œuvres scientifiques d'Andréi Sakharov", paru en 1984 aux éditions Anthropos, 15 rue Lacépède, Paris.

L'idée n'est effectivement pas de cautionner le contenu de ce texte SL9, mais d'examiner ses éventuels éléments de cohérence ou d'incohérence.

Aucun des physiciens théoriciens que j'ai consulté ne m'a dit qu'on possédait actuellement de modèle théorique qui permette d'affirmer que la matière, soumise à une pression extrême, puisse se transformer spontanément en antimatière. Les textes "ummites" mentionnaient que cette opération "devait être opérée pendant un temps suffisant". Et, là encore, on n'a pas le moindre fil conducteur.

Ceci étant, comme J-P.Petit l'a fait remarquer dans ses livres, on ne connaît pratiquement pas la physique des états hyperdenses. Le fait de doter des poignées de particules chargées d'énergies importantes, dans des accélérateurs, ne signifie nullement, comme certains vulgarisateurs ont pu l'écrire, qu'on ait "reconstitué des conditions proches du Big Bang". Il manque, s'empresse-t-il de le préciser, la densité. La pression se mesure en pascals, c'est à dire en newtons par mètre carré, mais ce sont aussi des joules par mètre cube. C'est donc une mesure de la densité d'énergie par unité de volume. L'idée consisterait donc à supposer que lorsqu'on concentrerait de l'énergie dans un volume donné "pendant un certain temps", s'il se trouvait de la matière dans ce volume, celle-ci serait intégralement convertie en antimatière.

Comme souligné dans le livre paru aux éditions Anthropos (œuvres scientifiques d'Andréi Sakharov), puis dans les Enfants du Diable, ce type de compresseur MHD fournit à la fois des pressions considérables et des vitesses très élevées. En 1964 Sakharov avait obtenu 25 millions d'atmosphères et cent kilomètres par seconde, en utilisant un simple explosif chimique.

L'engin, tel qu'il se présente, éjecte un plasma de forme torique. Doté d'une telle vitesse, cet objet est en soi un projectile. Dans une optique "Guerre des Étoiles", il était logique que des militaires cherchent à pousser la chose plus loin, donc à utiliser comme explosif une petit charge nucléaire et comme élément de confinement, un solénoïde supraconducteur. D'où des vitesses d'éjection et des pressions certainement beaucoup plus élevées, impossibles à chiffrer. Sur ce plan-là, le document SL9 est assez bien conçu, quel qu'en soit l'auteur.

Lorsque l'homme a inventé la poudre il ne s'est pas contenté de l'utiliser pour en faire des grenades. Il s'en est servi pour propulser les balles. Comme expliqué par J.P.Petit dans les Enfants du Diable, le "compresseur de Sakharov" est un canon d'un genre un peu particulier. L'énergie primaire est fournie par un explosif chimique. Mais l'astuce consiste à transmettre cette énergie au projectile (en l'occurrence un anneau d'aluminium) en utilisant comme intermédiaire "un milieu à inertie nulle". En effet tout se passe comme si, dans ce type d'expérience, le champ magnétique se comportait comme un fluide (auquel on associe d'ailleurs une pression magnétique B2/2ðmo). C'est ce fluide qui tend à expulser ce projectile toroïdal, donc lui communiquer de l'énergie.

Il était donc logique que des militaires tentent de voir ce qui pourrait être obtenu avec des explosifs de type nucléaire et des solénoïdes supraconducteurs. On imagine donc une expérience qui, dans ce contexte, aurait dû être faite dans le milieu des années soixante-dix. A une certaine profondeur on disposerait la "culasse supraconductrice" et l'explosif nucléaire. Dans un tunnel disposé à l'horizontale se déploie l'âme du canon et des dispositifs permettant d'effectuer des mesures de vitesse ou autres, sur un projectile se déplaçant à grande vitesse, brutalement propulsé par l'explosion nucléaire, le tout étant initialement sous vide (pour simuler un tir de canon à particules dans l'espace circumterrestre).

En supposant que cette transformation spontanée de la matière en antimatière, sous l'effet de la pression, ait un fond de vérité, bien que ceci ne ressorte nullement de nos modèles théoriques actuels, pourquoi ne pas imaginer qu'une telle expérience ait, fortuitement, mis en évidence un imprévisible et considérable dégagement d'énergie ? Une telle expérience serait fondamentalement hors de portée des civils, lesquels ne sauraient passer commande d'une petite bombe atomique en tant qu'élément d'un montage.

Un tel résultat, dans l'hypothèse où ce phénomène aurait été constaté, aurait été immédiatement couvert par le secret militaire le plus épais.
Ce qui surprend dans ce texte reçu sur SL 9, c'est le système de triage électromagnétique, qui ne figure pas dans l'ouvrage de J-P.Petit, et est loin d'être sot. C'est l'idée d'un bon physicien. Supposons qu'il y ait quelque chose à récupérer au bout de cette "cheminée" le long de laquelle déboulerait donc un plasma d'antimatière, à très grande vitesse. Il suffirait de faire passer un fort courant électrique selon l'axe du canon pour créer un champ magnétique azimutal (les lignes de force du champ magnétique sont alors des cercles coaxiaux, l'axe étant celui du "canon"). D'où une force de Laplace q V x B où q est la charge électrique, V la vitesse et B le champ magnétique. Les particules réagissent selon leur charge électrique et leur masse, leur rayon de giration, dans un champ magnétique, étant ce qu'on appelle le rayon de Larmor. D'où des faisceaux de trajectoires, celle des électrons (et des anti-électrons, de charge opposée) ayant le plus petit rayon de courbure. Le système permettrait d'envoyer ces particules chargées dans une bouteille magnétique. Son principe est bien connu et les civils savent très bien accueillir des particules de matière ou d'antimatière, dans de telles enceintes et les y retenir prisonnières. La seule différence est que les quantités d'antimatière produites à l'aide des accélérateurs de particules, des collisionneurs, sont infimes, alors que les quantités qui seraient produites par des compresseurs nucléaires pourraient être beaucoup plus importantes.

L'antimatière ainsi confinée représente une fantastique réserve d'énergie sous un poids totalement négligeable. Un milligramme d'antimatière représente, en soi, une énergie importante et un gramme, une énergie colossale.

La seconde idée originale ("non-triviale", dirait un mathématicien), que contient le texte, consiste à utiliser cette réserve d'antimatière pour concevoir un puissant générateur d'électricité. On connaissait les générateurs MHD, qui réalisaient la "conversion directe", transformant directement l'énergie cinétique d'un gaz en électricité. Dans ce texte, une autre forme de conversion est évoquée. Si on fait exploser une bombe atomique dans la haute atmosphère (ou mieux, hors de l'atmosphère terrestre), celle-ci émet des rayons gamma, lesquels, par effet Compton inverse, produisent de très puissants champs électriques dans les hautes couches atmosphériques. C'est un fait avéré, bien que l'expérience "vraie grandeur" n'ait jamais été faite. On sait que ces champs, cet orage artificiel, seraient assez puissants pour produire, au sol, des champs de cinq cent volts par centimètre, suffisants pour griller toute électronique ou ordinateur non protégés contre cet "effet EMP" (ElectroMagnetic Pulse). Le texte suggère d'utiliser les gammas résultant de l'annihilation de petites quantités d'antimatière avec de la matière pour créer un puissant champ électrique et ainsi produire de la puissance électrique. L'énergie produite pourrait par ailleurs servir à entretenir le confinement de l'antimatière, de manière illimitée, étant donnée la réserve d'énergie disponible.

Que cette antimatière ait été obtenue à l'aide d'une compression ou par un moyen plus conventionnel, celle-ci pourrait servir de source d'énergie et, dans cette optique, ce système de conversion directe du rayonnement en énergie électrique est loin d'être idiot. Que ce système soit miniaturisable ne l'est pas non plus.

La propulsion électromagnétique a été, quant à elle, étudiée dès l'après guerre, sous l'appellation vague de "propulsion ionique". Selon les différents physiciens que j'ai consultés, dès les années soixante des dispositifs d'accélération MHD ont été élaborés et testés avec succès. L'ouvrage de Sutton et Sherman, "Engineering magnetohydrodynamics", paru en 1967 aux éditions Mac Graw Hill, leur consacre un chapitre entier. D'emblée on montre, ce qu'on sait depuis longtemps, que les systèmes à très fortes vitesses d'éjection sont particulièrement adaptés aux missions de longue durée (interplanétaires). Le calcul indique d'ailleurs la vitesse optimale pour ce type de voyage : cent kilomètres par seconde. La plupart des systèmes de propulsion électromagnétiques sont recensés et décrits. Des résultats expérimentaux sont présentés (Demetriades S.T., R.W.Ziemer :"Energy transfer to plasmas by continuous Lorentz forces", publiés in magnetohydrodynamics ; A.B.Cambell, T.P.Anderson and M.M.Slawsky, editors, Proc. 4th Biennal gas dynamics Symp. Northwestern University, Evanston, Illinois, 1962). On trouve les principes de fonctionnement des "accélérateurs à champs croisés", du type de Faraday et de Hall, ainsi que des systèmes, plus simples, des accélérateurs à arcs : "à rail", canon coaxial de Marshall, "T-tube". De fortes impulsions spécifiques, modulables, et des rendements fort intéressants (50 %) sont obtenus dès cette époque. Voir le rapport AVCO-Everett Res. Lab. d'août 1960. Dans des systèmes à deux étages (P.B.Gloersen, W.A.Horowitz and R.B.Thomas "An investigation of the properties of repetitively-fired two stages coaxial plasma engine", Proc. 3d Ann. Symp. on Eng. Aspects of MHD, pp. 465-478, Gordon and Breach Science Publ. 1964), on fait état d'impulsions spécifiques de 9000 secondes (ce qui correspond à une vitesse d'éjection de 88 km/s) et de rendements de cinquante pour cent. On voit donc que des très fortes vitesses d'éjection, dans le cadre de cette propulsion électromagnétique, avaient été obtenues dès le milieu des années soixante.

Selon les physiciens des plasmas, ces milieux se classent en deux catégories :

Dans ce nombre qui permet ce classement intervient en premier lieu la conductivité électrique. Si celle-ci est élevée, on ne peut pas déplacer des lignes de champ magnétique dans le plasma. L'expression anglo-saxonne est "frozen in" : gelé dedans. C'est le cas par exemple du plasma de la couronne solaire. Dans les éruptions solaires le plasma entraîne ses lignes de champ magnétique, ou vice-versa. Comme indiqué par Jean-Pierre Petit dans son ouvrage "The Dark Side of the Universe" (version anglaise de son site http://www.jp-petit.com ) le "peigne" suit les "cheveux" et les "cheveux" sont entraînés par le "peigne". Le peigne c'est le plasma, les cheveux sont les lignes de champ magnétique.

A nombre de Reynolds magnétique faible, le plasma peut défiler au travers des lignes de champ magnétique (c'est le cas de la MHD développée par J.P.Petit et B.Lebrun, en particulier dans la thèse de doctorat du second, dirigée par le premier, 1987).

Les plasmas de fusion sont à Reynolds magnétique élevé, de même que ceux des expériences de Sakharov. Ainsi, toute modification de la géométrie magnétique (créée par un solénoïde) entraîne une action sur le plasma. D'où cet accélérateur MHD à nombre de Reynolds magnétique élevé, inventé en 64 par Sakharov et décrit dans les Enfants du Diable par où l'élément propulsif devient alors effectivement le simple champ magnétique.

L'ensemble :
- Source d'énergie de base sous forme d'antimatière (auto) confinée.
- Conversion direction rayonnement gamma ---> électricité.
- Propulsion magnétique à fort nombre de Reynolds magnétique.
forme donc un schéma très cohérent. Si on dispose effectivement d'antimatière, le reste du dispositif devient parfaitement envisageable et peut effectivement conduire à des ensembles légers, compacts et étonnamment puissants. On serait là face à un saut conceptuel majeur, où la "masse du carburant" deviendrait parfaitement négligeable devant la masse de l'engin, alors que les fusées actuelles restent de véritables citernes volantes. Deux substances se trouveraient alors totalement séparées dans leurs fonctions : l'antimatière, en tant que source primaire d'énergie et ce qu'on accélère (cité dans le texte, des atomes de silicium).
Pourquoi du silicium ? Dans la mesure où les atomes sont ionisés (on peut songer à une photo-ionisation), on peut accélérer n'importe quoi, n'importe quel atome. Le silicium est simplement un des atomes les plus courants dans le système solaire. On peut alors imaginer un astronaute, ou un simple robot, refaisant le plein de "propulsif", en abordant sur le premier astéroïde venu, muni d'un seau pour ramasser quelques kilos de cailloux....

A ce stade, le texte suggére que les États-Unis auraient pratiqué une puissante rétention technologique et scientifique, pendant vingt ans. C'est gros, mais ça n'est pas inenvisageable, étant donné l'enjeu. Il ne s'agit plus de s'assurer une suprématie économique grâce à quelque avantage technologique, mais de se doter à terme d'une arme, de plus associée à des vecteurs imparables, qui mérite réellement le qualificatif d'absolue.

Comment faire en sorte de conserver un tel secret, alors que de nombreuses personnes devraient être mêlées au projet ?

Il y a plusieurs solutions, et plusieurs motivations. Il existe d'abord des degrés dans le secret. Ainsi, tel qu'évoqué dans ce rapport SL9, des partenaires technico-scientifiques ont pu se trouver mêlés à des expériences de simulation d'environnements cométaires sous des prétextes "d'étude de la magnétosphère terrestre". Ils ont ainsi pu apporter leur contribution, en toute bonne foi, en ignorant ce sur quoi ils travaillaient réellement. La première technique est donc la fragmentation du travail et la désinformation systématique de ceux qui sont mêlés au projet.

Pour ceux qui doivent en connaître les tenants et aboutissants, le patriotisme, la "défense du monde libre", ou simplement "l'intérêt supérieur des États Unis" sont de puissants motifs d'adhésion au projet. Joignez à cela l'idée de participer à une expérience féerique, à un feu d'artifice à l'échelle cosmique. Autant il était dommageable pour le biotope de poursuivre des essais nucléaires sur Terre, autant une expérimentation menée sur des planètes dépourvues de vie pouvait lever les dernières réticences d'ordre moral.

Rappelons la phrase d'Enrico Fermi, citée par Jean-Pierre Petit dans les Enfants du Diable, lorsque ce chercheur se trouvait en bute aux scrupules moraux de ses collaborateurs, à propos de la conception d'une bombe atomique : " Vous m'embêtez. C'est quand même de la belle physique, non ?"

Il y a d'autres arguments de nature à justifier un tel projet. Il est exact que les chances de voir un astéroïde ou une comète frapper la Terre sont difficilement évaluables. Il existe un nombre très grand d'astres errants. Il est arrivé que des comètes croisent la trajectoire de la Terre. La preuve : lorsque, chaque année, notre planète passe sur les traces de certaines comètes, elle subit une pluie d'étoiles filantes (celles-ci n'étant que des grains de poussière abandonnées par la comète sur son passage). Donc une collision entre la terre et une comète n'est pas une chose a priori impossible. La dernière collision en date du début du siècle (Toungskaïa, en Sibérie), même si c'était une "petit comète". On pourra donc présenter le projet à certains comme une mesure préventive contre un tel danger, si celui-ci survenait. Dans ce sens, c'est "prendre soin de l'avenir de la Terre", même si le projet ne peut être présenté officiellement, à cause des traités imposant la démilitarisation de l'espace.

Conserver le secret, est-ce une chose pesante ? Le moindre diplomate pourrait vous dire que le fait de conserver le secret le plus absolu sur des nombreuses informations pendant des décennies est chose courante. Les moyens coercitifs ne manquent d'ailleurs pas. Il est des contrats que l'on signe avec le diable avec son sang, qu'on ne peut violer impunément. Si la répression ne s'exerce pas sur l'individu, elle peut frapper ses proches. Ainsi, jusqu'au seuil de sa mort, on garde un moyen de pression sur un individu. De plus, tous les gens ayant accès à des secrets très importants sont l'objet d'un suivi constant, impliquant leur évaluation psychologique permanente. Oppenheimer en fit les frais, de son vivant (voir "Les Enfants du Diable").

L'originalité d'un tel dossier est que celui-ci impliquerait la conservation d'un secret non seulement technique, mais scientifique. En effet si une simple compression, suffisamment intense et prolongée, avait la vertu de transformer de la matière en antimatière, tout ceci entraînerait une refonte importante des modèles théoriques, progrès scientifique majeur qui devrait, lui aussi, être couvert par le secret le plus absolu. C'est le moment où les équations elles-mêmes peuvent être frappées du sceau du confidentiel défense

Un ami scientifique me disait : "avant même que l'arme atomique ne voit le jour, elle existait déjà en germe dans les formalismes des théoriciens. Or on ne trouve nulle trace, dans la science contemporaine, d'un tel phénomène, impliquant la violation du principe de conservation de l'énergie-matière". A cela j'objecterai que le phénomène de radio-activité n'était nullement inscrit dans les modèles théoriques, antérieurement à 1895. Il fut pourtant découvert, fortuitement, avec les conséquences que l'ont sait, c'est à dire un changement total de paradigme (entre autre l'abandon du principe de conservation de la matière).

Quel plaisir aussi d'être "dans le secret des dieux", d'avoir accès à une connaissance avancée, en voyant les autres s'empêtrer lamentablement dans leurs supercordes. Un tel plaisir, associé à une rémunération conséquente et à de multiples avantages, vaudrait tous les prix Nobel ("combien vous aurait rapporté un prix Nobel ? Nous vous en offrons de triple, en échange de votre silence").
Des recherches de ce type nécessiteraient des moyens importants, certes, mais que l'ont pourrait quand même aisément dissimuler aux yeux du monde. Il n'est point besoin, comme pour le projet Mannathan, d'une usine de séparation isotopique gigantesque (Hanford). La technique des explosions nucléaire souterraine est maîtrisée de longue date par les Américains, dans leur site du Nevada, dans la plus parfaite hypocrisie d'ailleurs. En effet, si la puissance des engins descend en dessous de la kilotonne, les expériences ne sont plus détectables par sismographie, à longue distance, parce qu'elles se perdent alors dans le bruit de fond sismique planétaire, et il ne viendrait à l'idée de personne, et en tout cas pas à l'ONU, de suggérer de manière incongrue que les sites américains du Nevada soient encerclés de sismographes, ce qui rendrait la poursuite de ces essais souterrains beaucoup plus problématique. Situation qui permet aux États-Unis de protester avec indignation dès qu'un pays (tout récemment l'Inde) viole les accords concernant la poursuite des essais.

Le texte reçu évoque les dangers potentiels, qui ne sont pas négligeables. Le plus important est celui qui résulterait d'une fausse manœuvre, d'une mise à feu intempestive au sol, qui aurait pour effet immédiat de détruire toute vie sur Terre.

S'agissant de la charge explosive, on peut imaginer que l'antimatière utilisée dans ces hypothétiques bombes soit synthétisée in situ, toujours par compression thermonucléaire, au dernier moment, lorsque l'engin frappe sa cible. C'est à la fois préférable et moins compliqué vis à vis du confinement (comment confiner une demi-tonne d'antimatière ?).

Si on suit le document, les modules-bombes seraient d'abord injectés en orbite basse par des moyens conventionnels, fusées ou navettes spatiales. Puis les charges gagneraient leur point de destination, leur cible, en utilisant un propulseur à antimatière. Ceci impliquerait l'emport d'une charge d'antimatière à bord des navettes. Que se passerait-il en cas de disfonctionnement de l'une d'elles, comme ceci est déjà arrivé.

Il y aurait dégagement d'énergie. Mais pourquoi mettre à bord de ces modules plus d'énergie que nécessaire ? Leur accélération et leur décélération sont certes spectaculaires, voir les chiffres invoqués, mais cette énergie est comparable à l'énergie stockée dans les réservoirs d'une navette à pleine charge. Si un incident survenait, la navette exploserait et la puissance exceptionnelle de la déflagration, jointe à sa nature de toute évidence nucléaire inciterait les nations à demander des comptes aux États-Unis, sans plus. Le biotope terrestre ne serait pas mis en danger. D'où un argument supplémentaire pour venir à bout d'éventuelles réticences morales.

Ce qui est plus fascinant, par contre, ce sont les multiples usages qui pourraient être faits d'une source d'énergie électrique présentant un rapport puissance sur poids aussi important. L'aérodyne MHD devient faisable, de même que le vol hypersonique sans onde de choc (or on a vu, dans le rapport COMETA, que ses auteurs semblaient savoir que de telles avancées technico-scientifiques avaient déjà été opérées aux USA).

Cette idée d'annihilation d'onde de choc (par la MHD) est par ailleurs évoquée dans le document SL9, lorsque son auteur évoque le fait que la rentrée de modules bombes dans la haute atmosphère de Jupiter se soit effectuée "sans bouclier thermique". Là encore, si la source d'énergie existe, le reste suit. Le vol hypersonique sans onde de choc devient chose possible, tous les problèmes ayant été déblayés depuis longtemps. Rappelons l'anecdote contée par J.P.Petit lorsqu'en 1986 il avait donné à l'université de Berkeley un séminaire sur la propulsion MHD et l'annihilation des ondes de choc, sur invitation du professeur Oppenheim, directeur du département de mécanique des fluides. Le professeur Kunkle, directeur du département de physique des plasmas de l'Université (non des moindres) avait fini par se manifester :


Si la source d'énergie électrique à antimatière existe, il serait alors aussi futile d'envisager de propulser des appareils de reconnaissance ultra-secrets, évoluant à très haute altitude et très grande vitesse, avec des statoréacteurs, que de faire voler des avions avec des machines à vapeur alors qu'on dispose de moteurs à combustion interne.

On notera également cette "désaffection" des américains pour les vols lunaires, et même une certaine mollesse pour l'engagement d'un projet de vol habité en direction de Mars. Mais, franchement, si vous disposiez d'une technologie (ultra-secrète) qui vous permette de réduire les temps d'un voyage d'un facteur dix, en augmentant les charges utiles, auriez vous le cœur d'engager des sommes considérables dans des projets non seulement dispendieux, mais totalement dépassés techniquement.

Si cette source d'énergie à antimatière existe.

Certes. Mais continuons d'examiner ce document. Les projets de création de comètes artificielles ne datent pas d'hier. L'un d'eux se trouve évoqué dans le texte. Mais les réalisations restèrent très limitées, simplement à cause des protestations immédiates et véhémentes des astronomes. En effet, si on avait peuplé la magnétosphère terrestre de nuages divers et variés, ceux-ci, réfléchissant la lumière du soleil, s'ils avaient fourni de superbes couchers de soleil, auraient rendu toute observation astronomique impossible.

Si on chevauche l'hypothèse de l'existence de sources d'énergies sous forme d'antimatière confinée (la source d'énergie idéale par excellence), pas mal de points du document se tiennent, ou sont bien exploités. Mais le point sur lequel se concentre toute l'attention, et sur lequel des vérifications sont possibles, concerne la transformation des vingt quatre modules-bombes en faux débris de comètes, par émission d'un nuage de baryum-lithium, ou plus précisément d'un alliage baryum-lithium, piégé dans un puissant champ magnétique créé par l'appareil.
Des vérifications sont en cours. C'est, potentiellement, le point faible du document. Chronologiquement, ces débris ont été détectés, par hasard, bien avant l'impact. Ils ont même été photographiés et ces photos traînent maintenant dans de nombreux ouvrages. Dispose-t-on de spectres de la lumière émise par de tels objets ? Si oui, ces spectres pourraient-ils être assimilables à ceux d'une comète ?

Au passage, le texte mentionne des essais qui auraient en lieu en 1984 (mission civile AMPTE, c'est à dire Active Magnetospheric Particle Tracer Explorer), avec largage de nuage de mélange baryum-lithium (il est précisé que ces éléments ont des propriétés de fluorescence) dans l'environnement terrestre, c'est à dire dans la magnétosphère. On peut supposer qu'à cette époque des spectres ont été pris, qui doivent figurer dans des rapports et des publications, et qui seraient à comparer aux spectres liés au phénomène Schoemaker Levy.

Il me semble personnellement qu'une comète, simple bloc de "glace sale," serait plutôt entourée d'un nuage de vapeur d'eau (ou à une telle distance, de cristaux de glace). Quelle est la masse impliquée ? (Pour des fragments dont la masse minimale a du être évaluée en fonction de l'effet des impacts). Ceci étant, quelle que soit la substance produite par un système artificiel, la quantité de lumière émise pourrait être accrue en ne se contentant plus de réfléchir celle du soleil, mais en excitant cette enveloppe d'une manière quelconque, par un rayonnement ou à l'aide d'un champ électromagnétique variable. Ainsi une enveloppe gazeuse de masse limitée pourrait simuler l'apparence d'une enveloppe gazeuse naturelle, d'une masse beaucoup plus importante.

Les astronomes ont certes été assez stupéfiés par l'ampleur des impacts. Mais que disent actuellement les spécialistes, cinq ans plus tard ? Il serait intéressant de les entendre sur ce point, et nous sommes allés les questionner.

Physiquement parlant, un débris cométaire pénétrant à soixante kilomètres par seconde dans la haute atmosphère jovienne représente une certaine quantité d'énergie cinétique. Devant le fragment de comète, tant que celui-ci est encore sous forme solide, s'établit une onde de choc extrêmement intense, qui dissipe cette énergie dans la masse gazeuse environnante. Étant donné la valeur très élevée du nombre de Mach, cette onde est totalement couchée sur la trajectoire de l'objet.
Considérons un bloc d'un kilomètre de rayon, animé d'une vitesse de pénétration de 60 kilomètres par seconde. Ceci correspond à une énergie de 1019 joules, soit l'équivalent de cent kilos d'antimatière (selon le schéma d'équivalence E = mc2).
Certains planétologues avaient pronostiqué : vous n'observerez rien. Ceux-là se sont trompés. A l'emplacement des impacts on a vu se former des taches brunes, de grande surface : jusqu'à trois fois la surface de la terre. Dans l'hypothèse d'un impact cométaire, il s'agirait essentiellement d'un phénomène météorologique artificiel (vis à vis de la météorologie propre de Jupiter). Le fragment, pénétrant à grande vitesse dans l'atmosphère jovienne, laisserait sur son passage une trace de gaz brûlant (au milieu de gaz à très basse température). Lorsque le bloc terminerait sa course en achevant de se volatiliser, à une profondeur qu'il conviendrait d'évaluer, il n'y aurait plus, en lieu et place, qu'une boule de gaz à haute température, baignant dans un environnement glacial. D'où une ascendance puissante qui amènerait à la surface de l'atmosphère jovienne des éléments appartenant à des couches plus profondes. De là le changement de coloration observé, extrêmement spectaculaire.

Notons qu'il existe un phénomène de nature météorologique qui sévit à la surface de Jupiter et révèle sa présence par sa couleur : c'est la fameuse tache rouge. Ce qui frappe, dans le cas particulier du phénomène de Shoemaker Levy, c'est l'amplitude extraordinaire de celui-ci, après impact, comparé à l'extrême petitesse des objets qui seraient impliqués, dans l'hypothèse de l'impact de fragments de comète. Comment des objets ayant un diamètre de l'ordre du kilomètre pourraient-ils engendrer des perturbations ayant une superficie équivalant à plusieurs fois celle de la Terre ?

Revenons sur Terre. Imaginons que nous observions celle-ci depuis un satellite de Jupiter. C'est une belle planète bleue, très brillante. Soudain nous détectons un train d'objets représentant des débris d'une comète. Si on donnait à la Terre un diamètre d'un mètre, ces objets qui, fonçant vers elle, seraient comparables à des grains de sable (diamètre : un dixième de millimètre !). La chute de ces objets se signalerait par une faible émission de lumière et l'impact par une étincelle un peu plus importante. Pourtant nous savons que le phénomène météorologique qui s'en suivrait, lié aux masses considérables de poussières résultant de la volatilisation du sol terrestre au lieu de l'impact, qui seraient emportées en haute altitude par l'ascendance, de manière durable (du fait de la petitesse de ces débris, diamètre de l'ordre du micron), changerait en peu de temps l'aspect de la planète (son albedo). Au point d'impact on verrait se développer une tache brune qui s'étendrait progressivement, de manière extrêmement spectaculaire. En peu d'heures elle recouvrirait une superficie équivalant à celle de la France. En peu de jours c'est un continent qui se trouverait masqué. Les gens qui sont allés récemment observer l'éclipse dont la zone d'ombre a traversé la France ont été surpris par la rapidité de la baisse de température. Pourtant cette occultation de la lumière n'a duré que deux minutes. Imaginez un obscurcissement qui perdure pendant dix-huit mois (hiver nucléaire). Tel que calculé par Alexandrov et Stenchikov dès les années 80 la température chuterait de 25° en moyenne sur Terre !

Si la comète, ou la gerbe cométaire, était suffisamment importante, c'est toute la planète Terre qui pourrait changer de couleur, passer d'un beau bleu, voilé de nuages blancs à un marron foncé, en subissant l'effet d'hiver nucléaire.

Pourtant l'énergie liée à l'impact d'une comète reste peu de chose, si nous la comparons par exemple à celle d'une éruption volcanique (plus étalée dans le temps, mais, en joules, infiniment plus importante). Il faudrait comparer l'atmosphère terrestre à une superposition de deux liquides. Au-dessus, une eau limpide. En dessous, la même eau, teintée sur une faible étendue par un colorant sombre. Disons, une sorte d'encre ayant presque la même densité (évoquant l'air mélangé aux milliards de tonnes de poussières issues de la volatilisation en fragments d'un micron de diamètre, ce qui explique la lenteur de leur retombée). On conçoit alors qu'une cause relativement minime, la création d'une ascendance par chauffage local à l'aide d'une résistance électrique, puisse amener cette tache "d'encre" en surface, où ses molécules se disperseraient, et modifier l'aspect de ce système de manière spectaculaire.

Énergie à mettre en œuvre : de quoi amener quelques milligrammes d'encre du fond de la casserole en surface !

De même, sur terre un phénomène très localisé (la puissante ascendance au voisinage immédiat du point d'impact) pourrait suffire à modifier profondément l'aspect de l'atmosphère terrestre, de manière plus durable, par exemple, qu'un cyclone.
D'après les études menées dans les années quatre vingt par Vladimir Aleksandrov (le texte SL9 reçu lui est dédié, et Petit a été le seul à parler de lui dans un ouvrage : les Enfants du Diable) l'emport dans la stratosphère (à 20 kilomètres d'altitude) d'un milliard de tonnes de poussières pourrait suffire à occulter durablement (18 mois) la lumière solaire et à produire le phénomène de l'hiver nucléaire (donc le changement d'albedo, d'aspect de notre planète). Les conséquences d'un tel phénomène (voir les Enfants du Diable) impliqueraient la destruction rapide de toute vie végétale et animale et la disparition de toute vie humaine sur Terre, à défaut de l'annihilation totale de la vie (les bactéries sont beaucoup plus résistantes que les arbres et les êtres humains).

Cet emport représente 1017 joules, ce qui une énergie de l'ordre de celle d'une comète de mille mètres de rayon pénétrant dans l'atmosphère à quinze kilomètres par seconde. Ainsi des causes (relativement) modestes peuvent provoquer des phénomènes extrêmement spectaculaires. Le problème est qu'historiquement aucun être humain n'avait été témoin de l'impact d'une comète avec une planète. Au passage cet impact est surtout spectaculaire, précisément à cause des effets météorologiques, secondaires, sur les planètes pourvues d'atmosphère, ou gazeuses. Si l'impact s'était produit sur Vénus (celui d'un objet suffisamment massif pour qu'il puisse traverser l'atmosphère exceptionnellement dense de la planète, et atteindre le sol avec encore assez d'énergie cinétique pour volatiliser sa surface) l'effet serait visible à l'œil nu. Vénus changerait carrément de couleur, de "magnitude". Par contre quel effet produirait l'impact de la même comète sur la Lune ou sur Mars ? Une projection de matière qui retomberait vite sur le sol.

Nous avons vu plus haut que ce texte pourrait éventuellement receler certaines incohérences. Il est possible que l'enquête menée au sein de la communauté astronomique révèle que la signature spectrale délivrée par les objets de Schoemaker Levy ne puisse en aucun cas avoir un rapport quelconque avec un nuage de baryum-lithium. Mais si c'était le cas, pourquoi l'auteur de ce texte, après avoir été si brillant, si documenté et si pointilleux, aurait-il fait une erreur aussi grossière (s'il s'agit réellement d'une erreur) ? Affaire à suivre

Toujours dans cette optique d'essais à caractère militaire, en supposant que l'affaire ait un fondement, pourquoi des engins aussi monstrueux, inemployables sur Terre?
On peut invoquer de multiples raisons, comme la mise au point d'outils de "terraforming", utilisables sur d'autres planètes. Certains pensent que le sous-sol de Mars contient de l'eau, beaucoup d'eau, sous forme de "permafrost", de boue gelée. Dans le passé, des impacts de météorites de bonne taille auraient, épisodiquement, liquéfié ce permafrost, en provoquant des coulées de boues de grande ampleur, dont la planète a conservé les traces. Dans la mesure où il n'y a nul être vivant sur Mars et qu'elle est fort loin de nous, pourquoi ne pas essayer d'y mener des expériences de grande ampleur, en libérant par exemple de grandes quantités d'eau, contenue par ce permafrost ? On pourrait envisager un engin réellement monstrueux, qui serait assemblé sur Mars elle-même, ce qui exclurait le risque de destruction de la Terre en cas d'incident.

On a déjà posé à la surface de Vénus des sondes, qui ont même transmis des photos, avant d'être définitivement cuites par la forte température qui y règne. Il serait donc à priori possible de déposer sur le sol de Vénus une bombe à antimatière de très grande puissance. En explosant, celle-ci enverrait dans la haute atmosphère vénusienne des milliards de tonnes de poussière, qui provoquerait aussitôt un "hiver nucléaire" vénusien. Il pleuvrait alors à verse, sur Vénus, du.. gaz carbonique liquéfié. Hélas la vapeur d'eau n'y existe pas en quantité suffisante pour pouvoir lui permettre de s'y dissoudre. Dans les hautes couches de l'atmosphère vénusienne, la température, trop importante, a doté les molécules d'eau, émises par les volcans, d'une vitesse d'agitation trop élevée et, petit à petit, ces précieuses molécules, berceau de la vie, sont allées se perdre dans le vide interplanétaire.

Mais quand même, jouer avec une planète, essayer de la modifier, quelle expérience !

On a évoqué plus haut le thème d'une protection anti-comète, ou anti-météorite. Sur ce sujet, les avis restent très partagés. Certains astronomes haussent les épaules, trouvant la chose par trop improbable. D'autres seront de l'avis contraire. Il ne faut pas oublier qu'en Sibérie, au début du siècle, est tombée une petite comète de rien du tout. L'objet était de petite taille, mais une collision a quand même eu lieu, à une date relativement récente, ce qui doit être rappelé et souligné.
Comme l'arme thermonucléaire, l'arme à antimatière peut voir sa puissance accrue indéfiniment. Mais la seconde est, à poids et encombrement égaux, des milliers de fois plus puissante que la première. Une arme à antimatière, de plus amenée sur sa cible avec un propulseur alimenté également par de l'antimatière, confinée celle-là, à des vitesses bien supérieures à ce que permet actuellement la propulsion chimique, donc en un temps plus court, pourrait permettre d'agir sur un noyau cométaire, que les astronomes comparent souvent à une grosse boule de neige sale. L'arme pourrait soit volatiliser l'objet en une multitude de fragments, soit le dévier de sa course. Le cas échéant, une armada de modules bombes pourraient s'attaquer à des fragments encore menaçants.

Au début des années quatre vingt, certains astronomes et astrophysiciens suggérèrent que le soleil puisse être un système double, son compagnon étant une naine brune, qui fut baptisée Némésis (du nom de la déesse Grecque de la vengeance divine).

L'origine du système solaire reste un mystère total. Tout ce qu'on peut dire (article de Serge Jodra, dans le numéro d'avril 98 de la Recherche, intitulé "que sont donc devenues les sœurs du soleil ?") c'est que, vraisemblablement, le soleil serait né dans un amas ouvert, dont les composants se seraient par la suite dilués dans la galaxie. Mais cette dilution n'exclut pas la survivance de systèmes doubles, stables par essence. On ne peut nier a priori que le soleil puisse constituer un système double dont le second élément puisse être une étoile naine équivalent à une espèce de gros Jupiter placé sur une orbite à très forte excentricité. On ne peut simplement pas le savoir. L'exoplanétologie balbutiante commence simplement à nous enseigner que tout semble possible.

Poussons la chose à l'extrême. Autour du soleil, l'astronome néerlandais Oort a imaginé un immense "réservoir de comètes", comparable à l'anneau de Saturne, mais à l'échelle du système solaire tout entier. Nous ne savons pas si ce nuage de Oort existe. Mais les comètes, elles, existent bel et bien. Il faut dans ces conditions expliquer leur origine

Pourquoi cette étoile compagne, cette naine brune ou noire, sœur obscure du soleil, ne posséderait-elle pas non plus son propre nuage de Oort ? Si c'est le cas et si son retour est programmé à proximité du soleil, malheur à nous. Cette pluie de grêle serait sans grand effet sur toutes les autres planètes du système solaire. Elle provoquerait quelques turbulences dans les atmosphères des grosses planètes gazeuses. Les telluriques y gagneraient quelques trous supplémentaires. Certaines ne sont à cela près. Mais quid de la fragile Terre ?

Là, ça serait la catastrophe, la fin du monde, ou d'un monde, d'une phase de l'évolution terrestre, comme jadis des dinosaures. Le ciel nous tomberait tout simplement sur la tête, comme le craignaient peut être à juste titre nos ancêtres les Gaulois.
Si effectivement le risque de destruction de la Terre par une comète ou une avalanche de blocs de glace (le "nuage de Oort" de la compagne du soleil, de retour après un week-end prolongé) est réel, développer de tels engins serait une précaution utile, pour la survie de l'humanité. Dans ces conditions, pourquoi ne pas mettre cartes sur table en disant : Voilà, il y a tel risque et nous faisons cela...

Pour des tas de raisons. Si ces expériences ne sont pas à la porté de laboratoires civils, à cause de la nécessité à la fois de posséder des bombes atomiques, même de faible puissance, et de maîtriser la technologie des supraconducteurs, ce ne sont pas, dans leur principe, des manips extrêmement compliquées. Dans le montage initial, le compresseur de Sakharov, il y surtout beaucoup d'astuce.

Combien de pays seraient alors capable de se doter d'armes à anti-matière ? Quelle serait le risque d'une nouvelle dissémination ? Est-ce que tous les pays possédant l'arme nucléaire, ou en passe de la posséder, ne diraient pas : "il nous faut ça aussi !".

(Remarquons au passage que les revendications finales des auteurs du rapport COMETA ressemblent beaucoup à ce genre de demande).

Second point : un tel projet invalide immédiatement tout respect du traité de dénucléarisation de l'espace. Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures, aussi ostensiblement. Après une telle annonce, aux buts si "louables" (s'il s'agissait réellement de ces buts-là) tous les pays qui on accès à la fois à l'arme nucléaire et au spatial diraient "Bon, pourquoi se gêner. Mettons des bombes H en orbite !".

Si on quitte ces échelles et préoccupations de nature astronomique, les tirs sur Io, si tirs il y a eu, constitueraient la dernière touche pour la qualification d'une arme, cette fois, parfaitement opérationnelle. La bombe H n'est pas miniaturisable, l'arme à anti-matière, si. Il n'y a pas de limite du côté des faibles puissances. Dans ce cas, la charge militaire est simplement de l'antimatière, confinée dans une bouteille magnétique, et amenée à destination par un missile de croisière hypersonique, volant au ras du sol, sans onde de choc.

C'est aussi une arme non polluante. C'est l'arme idéale, l'arme absolue. On peut aussi arroser un vaste territoire avec un très grand nombre d'objets qui pourraient être transportés dans la soute d'une unique navette. Des mini-bombes miniaturisées, pilotables en phase de rentrée, actives, propulsées par MHD, qui fileraient chacune à vitesse hypersonique vers des cibles désignées à l'avance (notre porte-avions de Gaulle, par exemple, dont nous sommes si fiers).
On imagine les ingénieurs responsables du projet, rendant compte devant leurs bailleurs de fonds, et leur disant, après un succès de ces tirs de qualification sur le satellite de Jupiter.


Quel adversaire ? L'URSS a cessé d'exister, la Russie agonise. Alors, qui ?
Une guerre, aussi, ça peut se préparer, s'organiser, surtout médiatiquement. Étant donné l'énormité de l'enjeu : le contrôle planétaire complet, on peut gager que des Folamours n'hésiteraient pas à sacrifier certains de leurs propres ressortissants pour créer de toutes pièces les conditions d'une intervention massive "en réponse à une lâche agression", une sorte de Pearl Harbour spatial. On trouve ce thème dans un film de James Bond: "Octopussy", où il s'agit cette fois qu'un général russe qui, perdant la tête, fournit à des bandits un engin nucléaire, avec pour mission de le faire exploser dans une base militaire américaine d'Allemagne de l'Ouest, où se trouvent entreposés des engins nucléaires. Les terroristes programment la minuterie de leur bombe et la cachent dans les accessoires d'un cirque qui doit justement donner une représentation dans l'enceinte de la base. Le plan du général russe est d'utiliser cet incident pour justifier l'irruption, en Europe de l'Ouest, des blindés russes, dans le but de désarmer les Américains qui y stationnent ou de les en expulser. ,

Mais les films ne sont jamais que des fictions, c'est bien connu.

Les tirs sur Io, et éventuellement sur Europa, pourraient avoir une autre finalité, si on en revient à l'hypothèse de l'arme anti-comète ou anti-météorite. Une comète est un objet dont le diamètre peut aisément atteindre la dizaine de kilomètres (exemple : la comète de Halley). Idem pour un éventuel météorite. Si on cherche à détruire cet objet à l'aide d'une bombe, l'efficacité maximale sera obtenue, non en plaçant la charge en surface, mais à cœur. Pour cela, il faut creuser. Notez à ce sujet les thèmes développés dans le film de SF : Deep Impact. Dans le scénario on voit des astronautes d'un équipage américano-russe se poser sur une comète et mettre en œuvre des "perforatrices". L'idée qu'elles puissent être mécaniques ferait sourire. Comment creuser, à l'aide d'un trépan, des puits de dix km de profondeur, d'un diamètre suffisant pour amener à pied d'œuvre des "modules bombes de dimension métrique" ? Solution : une torche à antimatière.

Essayons de conclure, en l'état. De deux choses l'une. Ou ce qui est dit dans ce document n'est qu'un tissu d'inepties : on pourra comprimer la matière indéfiniment, elle ne se transformera jamais en antimatière, violant ainsi le principe de conservation de l'énergie.

Ou bien il y a quelque chose derrière tout cela. En l'état, c'est indécidable.
Dans la première hypothèse, quelqu'un s'amuse, qui a bien fouillé des dossiers, construit une fiction assez jolie, il faut en convenir. On serait tenté de dire "c'est simplement quelqu'un qui a bien assimilé les ouvrages de Jean-Pierre Petit, en particulier Les Enfants du Diable".

Non, cela va un peu plus loin. Il y a le triage électromagnétique, et surtout le générateur électrique utilisant comme source première de l'antimatière confinée, fonctionnant par effet Compton inverse. Ca, ça n'est pas dans ces livres-là, et, somme toute, remarque Jean-Pierre Petit, c'est très astucieux.

Envisageons la seconde hypothèse. Dans ces conditions, qui aurait émis ce message et pourquoi ?